Méthode de répartition (classification) des emplacements dangereux.
Au Canada, le Conseil canadien des normes, par l’intermédiaire de l’Association canadienne de standardisation, a décidé d’adopter la méthode de classification dite internationale, appelée méthode de répartition en zones. Historiquement, l’approche adoptée par le Canada était calquée sur celle présentée dans le code étatsunien défini par la norme NFPA-70 (National Electrical Code), et la classification des emplacements dangereux se faisait donc selon la méthode de répartition en divisions (p. ex., classe I, division 2).
Selon l’édition en vigueur du Code canadien de l’électricité (CCÉ), les emplacements dangereux sont définis comme « des […] lieux, bâtiments ou parties de ceux-ci dans lesquels :
- une atmosphère explosive gazeuse est ou peut être présente dans l’air en concentration telle que des précautions spéciales doivent être prises pour la construction, l’installation et l’utilisation d’un appareillage électrique; ou
- des poussières combustibles sont ou peuvent être présentes sous la forme de nuages ou de couches en quantité suffisante pour que des précautions spéciales soient prises pour la construction, l’installation et l’opération d’un appareillage électrique. »
Il est important de noter que dans sa version 2015, le CCÉ comprend une définition spécifique pour les emplacements où « des fibres ou particules libres combustibles » sont « fabriquées, manipulées ou emmagasinées »; en 2018, ce type d’emplacement n’est plus en vigueur, les particules ou fibres étant comprises dans la définition de poussières combustibles si elles mesurent « au plus 500 μm (passant un tamis no 35 conformément à l’ASTM E11), et […] présentent un risque d’incendie ou d’explosion si elles sont dispersées et enflammées dans l’air ».
Les emplacements dangereux doivent être répartis comme suit [1] :
- Zone 0 – Emplacement dans lequel des atmosphères explosives gazeuses sont présentes en tout temps ou pendant de longues périodes.
- Zone 1 – Emplacement dans lequel :
- des atmosphères explosives gazeuses sont susceptibles d’être présentes dans des conditions normales de fonctionnement; ou
- des atmosphères explosives gazeuses peuvent être transmises depuis un emplacement de zone 0 situé à proximité.
- Zone 2 – Emplacement dans lequel :
- des atmosphères explosives gazeuses ne sont pas susceptibles de se produire dans des conditions normales de fonctionnement, si ce n’est que pour une très courte période; ou
- des atmosphères explosives gazeuses peuvent être transmises depuis un emplacement de zone 1, situé à proximité, sauf si l’on élimine les possibilités de pénétration de ces atmosphères gazeuses au moyen d’une ventilation mécanique adéquate à air sous pression provenant d’une source d’air pur et si une protection efficace contre tout défaut du système de ventilation est assurée.
- Zone 20 – Emplacement dans lequel une atmosphère explosive due à des poussières, sous forme d’un nuage dans l’air, est présente en tout temps, pendant de longues périodes ou fréquemment.
- Zone 21 – Emplacement dans lequel une atmosphère explosive due à des poussières, sous forme d’un nuage dans l’air, est susceptible de se produire dans des conditions normales de fonctionnement de façon occasionnelle.
- Zone 22 – Emplacement dans lequel une atmosphère explosive due à des poussières, sous forme d’un nuage dans l’air, n’est pas susceptible de se produire dans des conditions normales de fonctionnement ou, si elle se produit, ce n’est que pour une courte période.
Depuis 1998 pour les atmosphères explosives gazeuses et depuis 2015 pour les atmosphères explosives dues à des poussières, l’approche de classification préconisée au Canada, y compris au Québec, est celle définie dans les standards internationaux de la série IEC 60079 [2]. L’ancienne méthode des classes et divisions (p. ex., classe I, division 2) est donc progressivement éliminée.
Cependant, selon l’article 18-000 (CCÉ 2015 et CCÉ 2018), il est permis de « conserver la même méthode de répartition en divisions pour les additions, les modifications, les rénovations, l’exploitation ou l’entretien » des installations existantes pour lesquelles ce système est en place; toute nouvelle construction doit cependant être conforme à la méthode de répartition en zones. Cela revient à dire que pour plusieurs années encore, c’est-à-dire tant qu’il restera de « vieux » bâtiments industriels sur le territoire canadien, les concepteurs, les manufacturiers et les utilisateurs devront savoir exercer leur « bilinguisme » dans ce domaine!
Pourquoi et comment classifier?
Lorsqu’il est établi que la présence d’atmosphères explosives est possible, voire probable, les aires de production et les secteurs d’usine sont classifiés comme des emplacements dangereux. En vertu de l’article 18-050 du CCÉ [3], « l’appareillage électrique pour utilisation dans des emplacements dangereux doit convenir à l’atmosphère explosive qui y sera présente »; autrement dit, plus la probabilité de présence d’une telle atmosphère est élevée, plus le niveau de protection de l’appareillage en question doit être grand (donc, plus faible est la possibilité qu’une source d’inflammation soit présente). Sur le plan statistique, la probabilité d’explosion est équivalente, quelles que soient les combinaisons emplacement/équipement :
- Emplacement dangereux de zone 0 et appareillage classifié pour un tel emplacement comme sécurité intrinsèque (ia)[4] ou encapsulage (ma);
- Emplacement dangereux de zone 1 et appareillage classifié pour un tel emplacement comme sécurité intrinsèque (ib), encapsulage (mb) ou boîtier sous pression (p, px, pxb, py ou pyb);
- Emplacement dangereux de zone 2 et appareillage classifié pour un tel emplacement comme sécurité intrinsèque (ic), encapsulage (mc) ou boîtier sous pression (pz, pzc);
- Emplacement non classifié et appareillage électrique ordinaire.
L’expert en la matière a la compétence et la responsabilité d’établir la classification des emplacements dangereux et leurs délimitations; la connaissance du procédé et des éléments connexes, comme la ventilation et le comportement humain, est requise pour effectuer un travail de qualité. L’intervenant qui statue sur la classification des emplacements engage sa responsabilité professionnelle en matière de gestion des risques. Si elles jugent avoir un bagage limité dans ce domaine, les personnes impliquées dans le milieu de travail devraient donc s’assurer de bien s’entourer pour réaliser cet exercice qui peut s’avérer complexe.
Classifier, oui, mais pourquoi ne pas déclassifier?
L’action de classifier est attribuée à un procédé ou à une source de risque pour lesquels il n’existe aucune autre façon de gérer le risque. BBA va plus loin et s’est distinguée entre autres pour sa capacité à revalider les fondements du risque. Dans plusieurs cas où la composition des gaz peut être modifiée ou ces derniers évacués, il est possible de maîtriser et de réduire le risque à la source, sans avoir à le classifier. Une étude en ce sens permet alors d’éviter d’importants frais d’installation. Vous souhaitez optimiser vos pratiques en matière de classification et de déclassification? Faites appel à BBA!
Références
[1] Article 18-002 (CCÉ 2015 et CCÉ 2018).
[2] Commission électrotechnique internationale (CEI) ou International Electrotechnical Commission (IEC).
[3] Éditions 2015 et 2018.
[4] Sécurité intrinsèque : appareillage électrique conçu et installé de façon qu’aucune étincelle ou accumulation de chaleur, au cours du conditions normales ou anormales de fonctionnement, ne puisse provoquer l’inflammation de tout gaz, ou de toute vapeur ou de toute poussière inflammable utilisé.