L’impact sonore des éoliennes peut toutefois être prédit à l’aide de logiciels spécialisés, ce qui permet d’optimiser le potentiel d’un projet éolien tout en minimisant ses impacts environnementaux. Il reste toutefois quelques enjeux pouvant complexifier le choix des démarches à suivre, c’est pourquoi nous nous attardons ici aux enjeux acoustiques des projets éoliens.
Réglementation versus acceptabilité sociale
Au Canada, l’impact sonore des parcs éoliens est un enjeu provincial et municipal, puisqu’il n’existe malheureusement pas de réglementation nationale à ce sujet. La réglementation municipale sur les nuisances peut être légalement valide lorsque la province concernée n’a pas de réglementation couvrant le bruit éolien. L’absence de cadre légal clair rend parfois difficile l’évaluation des impacts d’un projet éolien. Ceci dit, les provinces sans règlement spécifique demandent parfois d’analyser les impacts sonores selon le règlement d’une province voisine ou selon des lignes directrices prévues pour pallier au vide législatif.
Les règlements provinciaux canadiens actuels établissent le niveau sonore maximal acceptable en milieu rural à 40 dBA. Mais cette limite est-elle adéquate? L’organisme mondial de la santé dit que ce niveau sonore n’est pas nuisible pour la santé[3]. Ceci dit, plusieurs pays européens demandent des niveaux sonores inférieurs, soit de 35 dBA[4]. Alors qui dit vrai? Santé Canada a réalisé une étude corrélant le niveau de dérangement d’un projet éolien en fonction de l’amplitude du bruit aux résidences étudiées[5]. L’étude révèle que l’inconfort acoustique augmente de façon importante dès l’atteinte d’un niveau sonore moyen de 35 dBA. Il n’est d’ailleurs pas inhabituel que les autorités responsables demandent une analyse du nombre de résidences exposées à plus de 35 dBA pour cerner le nombre de personnes potentiellement dérangées par un projet éolien malgré le respect des normes.
Ainsi, sur quels critères sonores devrait-on baser un projet éolien? La réponse se trouve dans une combinaison de la réglementation et d’une analyse de densité des milieux sensibles entourant le projet éolien à l’étude afin de bien comprendre les risques associés.
Simulation versus réalité
Un autre élément litigieux rencontré dans le cadre d’une étude sonore d’un projet éolien est l’interprétation des résultats des simulations de propagation sonore en comparaison au niveau de bruit réel que subiront les récepteurs.
Les autorités responsables d’étudier les impacts environnementaux des projets éoliens demandent de respecter certains protocoles et d’utiliser des méthodes de calculs reconnues (ISO 9613, CONCAWE, NORD2000, etc.). Or, bien que standardisées, ces méthodes obligent parfois de présenter des résultats conservateurs ou irréalistes. Les simulations standardisées risquent donc de présenter un portait irréaliste de l’impact du projet si les calculs ne sont pas interprétés par une personne capable d’identifier les limitations des protocoles imposés.